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Sœur Marie-Thérèse est bien connue dans le quartier de la Chatqueue à Seraing. Véritable soutien pour ceux qui en ont besoin, elle célèbre cette année ses 50 ans de vie consacrée. Son association, la Bulle d’Air, souffle quant à elle ses 30 bougies. Rencontre avec celle qui parvient à faire briller le soleil dans le cœur de ceux qui traversent la grisaille.

Originaire de Seraing, elle travaille d’abord en tant qu’institutrice maternelle dans sa ville de naissance. Lors d’un rassemblement de jeunes à Natoye, elle fait la connaissance d’une jeune fille de son âge qui s’occupe des plus pauvres de Belgique dans le cadre du mouvement ATD* Quart Monde Belgique. Celle-ci lui propose de venir l’aider à Bruxelles, dans une maison réaménagée en bibliothèque, pour ceux qui souhaitent apprendre à lire et à écrire. 

Les débuts avec ATD Quart Monde Belgique

En 1973, lors de la Semaine Sainte, celle qui deviendra Sœur Marie-Thérèse décide d’aller travailler dans cette bibliothèque à Bruxelles. Elle rencontre André Modave, le fondateur d’ATD Quart Monde Belgique. Touchée par ce qu’elle voit et par le chemin de croix préparé par André Modave où chaque station représente les souffrances des gens du quart monde, elle s’engage dans le mouvement tout en gardant ses fonctions d’institutrice à Seraing. Ainsi, elle retourne à Bruxelles tous les mercredis après-midi et les samedis. Elle se rend cependant compte que l’aide apportée ne suffit pas, mais qu’on peut sauver les personnes précarisées en les faisant rencontrer le Christ. Le 15 octobre 1975, alors qu’elle a 27 ans, elle rentre donc chez les Sœurs de Sainte-Marie.

La naissance de la Bulle d’Air

Après avoir vécu dans différentes communautés, elle revient à Seraing à l’âge de 40 ans. Elle constate que les enfants qui peuvent faire et vivre de belles choses appartiennent à une certaine catégorie de la population ; les autres ne disposent pas d’assez de moyens. En 1995, elle part avec un groupe de jeunes à Taizé. L’un d’eux lui explique que sa marraine, Simone Nibona, aimerait créer un atelier créatif pour les plus pauvres à Seraing.  C’est le début de la Bulle d’Air. Sœur Marie-Thérèse garde à l’esprit la phrase de Jésus « Donnez-leur vous-même à manger » et souhaite que la Bulle d’Air nourrisse ceux qui y viennent en leur apportant non seulement de quoi se sustenter, mais en leur offrant aussi une écoute, un lieu de paix, en leur faisant découvrir la parole du Christ. En 2000, Sœur Françoise rejoint Sœur Marie-Thérèse et a l’idée d’inviter les enfants plus âgés pour aider les plus jeunes. De plus en plus d’enfants viennent à la Bulle d’Air pour les jeux et les activités proposés, mais l’équipe ne s’occupe alors plus forcément des plus pauvres. Le nombre d’enfants devenant très élevé, il a été décidé que ceux pouvant aller au Patro iraient au Patro. Les autres resteraient à la Bulle d’Air.

Les activités de la Bulle d’Air

L’ASBL a grandi en fonction des besoins et des demandes. Lorsque 12 enfants de l’association sont allés à l’école Sainte-Thérèse, située juste à côté des bâtiments de la Bulle d’Air, une école des devoirs a été créée pour les accompagner dans leur scolarité. Aujourd’hui, 36 enfants participent à cette école des devoirs dans laquelle s’investissent pas moins de 15 bénévoles. Tous les lundis, ils peuvent aussi partager un moment de spiritualité avec l’abbé Vincent Jemine. L’aumônier de la Bulle d’Air propose en effet un temps de prière, une demi-heure de chant, évoque l’histoire d’un saint et fait ainsi un peu de catéchèse. En 2013, pour pouvoir payer les charges du bâtiment qui héberge l’association, un magasin de seconde main a été ouvert. La Bulle d’Air organise également chaque année un camp à Hurtebise pour les enfants de la première à la sixième primaire.

Offrir de la dignité aux enfants

Bien plus qu’aider les jeunes, il s’agit de les considérer avec dignité. "Ces enfants ont besoin de dignité", affirme Sœur Marie-Thérèse. Pour la Saint-Nicolas, par exemple, "les parents doivent pouvoir choisir un cadeau pour leur enfant". C’est pourquoi, une équipe gère les jouets reçus et les emballe. Les membres de l’ASBL souhaitent que, pendant un instant, les jeunes quittent les tristes réalités qu’ils peuvent connaître et qu’ils puissent vivre de bons moments. Jolie table préparée pour la Saint-Nicolas, bon repas et belle célébration pour Noël, fête des Rois, rencontres, lieu de partage et d’écoute, voilà ce que les équipes de la Bulle d’Air donnent à ceux qui poussent la porte de l’association.

Sœur Marie-Thérèse estime important de mettre en contact des enfants appartenant à des milieux différents. La religieuse espère ainsi les ouvrir au monde et aux autres. Toutes les religions, toutes les nationalités se rencontrent à la Bulle d’Air : "Pour moi, c’est le monde ici. Mais le monde dans la paix". Derrière la porte du numéro 3 de l’avenue des Champs, c’est une vraie bouffée d’oxygène qui s’offre aux enfants dans le besoin.

Un anniversaire dans la paix et l’amitié

Le 15 octobre, plus de 200 personnes comptent venir dans le quartier de la Chatqueue pour célébrer les 50 ans de vie religieuse de Sœur Marie-Thérèse et les 30 ans de l’ASBL. "Je n’ai jamais eu le temps de remercier tout le monde". Or, la Sœur insiste, "la Bulle d’Air ne pourrait pas fonctionner sans le don des gens, sans les équipes exceptionnelles qui s’investissent bénévolement, qui donnent de leur temps gratuitement. Le miracle de la Bulle d’Air, c’est le don des gens". Lors de cette fête, elle espère que "tous seront là dans la paix, dans la joie et l’amitié, que les gens se sentent bien, qu’ils repartent heureux et qu’ils aient senti que je les remercie".

Sandra Otte

*A toute détresse

© Sandra Otte